Affiche et bande-annonce de « Contre vents et marées »

Alice Escudero nous a fait une belle très affiche ; Julia Brenier une très chouette bande-annonce. Merci à toutes les 2! Mais toujours pas de diffusion en vue. On nous avait dit mars ou avril 2021, puis mai et maintenant il paraît que ce ne sera pas avant septembre…

Affiche réalisée par Alice Escudero

https://vimeo.com/534818053

 

Fin 2020 : un nouveau film!

Pendant sa longue réalisation (4 ans) le film s’est appelé « on n’arrête pas le progrès » puis « far ouest » et enfin « le grand pari »… Finalement il s’intitule « Contre vents et marées ». Nous sommes trois à l’avoir écrit et réalisé (oui oui 3) : Nathalie Marcault, Emmanuelle Mougne et moi. Il sera diffusé sur France3 Bretagne et Tébéo en 2021.

La belle aventure de « la belle étoile »

L’an dernier m’a été confié un atelier court-métrage à l’Ehpad Brocéliande de Loudéac.
A l’issue de plusieurs séances d’écriture est né le scénario de « La belle étoile ».

Le film a été tourné en février (ouf, un mois plus tard, ça n’aurait plus été possible!).

Tous les participants à l’atelier (résident·e·s et membres du personnel de l’Ehpad) jouent dans le film. L’image est signée Hervé-Jacques Passard et ce sont des élèves de l’option cinéma audiovisuel du lycée Saint-Joseph de Loudéac qui composent le reste de l’équipe. Les élèves ont également réalisé des making-of.

Cette aventure commencée en octobre dernier a été humainement magnifique.

 

Le film sera présenté mardi 22 septembre 2020 à 20h au cinéma Quai des Images de Loudéac, dans le cadre de la soirée Tapis Rouge du lycée Saint-Joseph.

A ma grande tristesse, les résident·e·s qui ont participé à l’atelier (également acteurs du film) ne seront pas à cette projection à cause du vilain virus.

Petit extrait de « La belle étoile » >> https://vimeo.com/456694165

Lettre à Abdelwahab Meddeb

Abdelwahab,

Vous parlez à la radio
Je vous entends sans vous écouter
Vous parlez à la radio
Je vous écoute sans vous comprendre
Vous parlez à la radio
Je vous écoute et je prends conscience de mon ignorance de l’islam
et surtout de l’ignorance de mon ignorance de l’islam

Je décide de vous lire
Je vous lis parfois avec difficultés souvent
Je vous lis souvent avec difficultés parfois
Je comprends que votre Islam est avec un grand I

S’ouvre à moi un champ immense
Infini

Je veux faire un film avec vous
Je vous écris une lettre
Vous me téléphonez : «pourquoi pas»
J’assiste à votre cours à Nanterre
Les Mille et une nuits
Vous parlez du désir d’Antoine Galland, le premier traducteur des Contes, de faire connaître l’Orient, et vous dites :
«Il ne cherche pas seulement à apaiser la curiosité mais aussi à répondre à une urgence : la peur du barbare»
Antoine Galland aujourd’hui c’est vous

Je veux que le film vous ressemble
Je me promène dans l’immense champ dans lequel vous m’avez invitée malgré vous
Je côtoie le soufi Ibn Arabi, le physicien Alhazen, le voyageur Ibn Battuta

Je mange chez vous à Paris
Vous mettez un tablier et faites une salade de tomates avec du jambon cru
Nous parlons de l’université, des islamistes, de l’espoir,
d’Israël où vous ne voulez plus aller

Je pars en Tunisie
Vous y êtes aussi
Vous proposez qu’on se dise «tu»
Ca me fait plaisir
Dans le film, je sais que je dirai « vous » dans la voix-off que je vous adresserai

Je jouerai avec le «je» avec le «vous»
Je jouerai de nos différences, nombreuses
Je jouerai avec les temps, les espaces, les mots, les conjugaisons
Il y aura des séquences avec vous, des séquences sans vous
J’écris ce projet

Vous êtes invité pour des conférences en Israël
A ma grande surprise, vous hésitez
Vous acceptez à condition de pouvoir prolonger votre séjour
Je vous accompagne
Je vous filme à Jérusalem, à Ramallah, dans le désert du Neguev,
notre premier voyage-tournage

Je pars en Iran pour voir comment la poésie de Hâfez y résonne aujourd’hui
Vous êtes sûr que ça me plaira
Vous avez raison

DAECH proclame le califat
Vous m’apprenez que vous êtes gravement malade, vous m’écrivez : « il faut être fort »
Je ne m’inquiète pas, pas trop
Vous êtes fort

Je vais vous voir à la clinique
Sans votre moustache, vous me montrez votre dernier livre
Portrait du poète en soufi
Malicieux comme toujours, vous me dites : « qu’est-ce que tu es lente » car le film avec vous n’existe toujours pas
Sans me l’avouer, je comprends que vous ne le verrez jamais

Tout ce présent a pris du temps

Je m’endors en trouvant enfin le mot juste pour vous définir dans mon film
« éclaireur »
Je me réveille en entendant des nouvelles affreuses de Jérusalem
Puis j’apprends votre mort

Pendant la nuit, mon éclaireur s’est éteint

Bénédicte Pagnot (novembre 2014)